Le ciel chargé de nuages n’a pas découragé ce 14 juin 2025 à Yamoussoukro, les centaines de partisans venus acclamer celui qu’ils appellent déjà « le candidat du peuple ». Dans une salle surchauffée de la capitale politique, Assalé Tiémoko, député-maire de Tiassalé, a brisé le silence : il sera candidat à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025.
« Après une longue réflexion, j’ai décidé, en toute conscience et en toute responsabilité, de me présenter », a-t-il lancé avec gravité, déclenchant une salve d’applaudissements. En costume sobre, micro en main, le fondateur de l’ADCI (Alliance des Démocrates pour la Côte d’Ivoire) s’est exprimé sans notes, le regard fixe, la voix posée.
Devant lui, des jeunes brandissent des pancartes : « Asseyons une Côte d’Ivoire nouvelle », « Assalé 2025, l’espoir citoyen ». L’homme est connu pour ses prises de position tranchées, ses enquêtes contre la corruption et ses discours sans détour à l’Assemblée nationale. Cette fois, il endosse un rôle plus ambitieux : celui d’alternative au vieux système.
Un appel à la jeunesse
Son argument est clair : le pays a besoin de renouvellement. Il s’appuie sur une déclaration du président Alassane Ouattara, qui, en 2022, avait souhaité voir en 2025 un président plus jeune que lui ou ses prédécesseurs. « Ce ne sont pas des paroles en l’air », insiste Assalé. « C’est un appel à rompre avec le cycle de reproduction des élites d’hier. La jeunesse ivoirienne mérite mieux. Elle mérite un avenir. »
Le discours frappe fort. Surtout dans un contexte où plusieurs ténors de l’opposition — Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé — sont radiés de la liste électorale. Le paysage politique semble verrouillé. Mais Assalé entend s’y frayer un chemin, porté par ce qu’il appelle une « nouvelle conscience citoyenne ».
Trois priorités pour une rupture
Sur le fond, le candidat annonce une plateforme fondée sur trois piliers : la lutte implacable contre la corruption, la justice sociale, et une gestion rigoureuse des ressources nationales. Il promet un audit foncier national dès sa prise de fonction, avec pour objectif de stopper les spéculations et restaurer la confiance dans l’État.
« Nous n’avons plus le luxe de l’indifférence », martèle-t-il. « Les Ivoiriens sont fatigués. Fatigués de voir les mêmes visages, les mêmes pratiques. Ce combat, ce n’est pas seulement le mien. C’est celui de toute une génération. »
Une candidature qui dérange ?
Dans les coulisses, certains murmurent déjà que cette candidature pourrait rebattre les cartes. Car Assalé Tiémoko ne vient pas du sérail des grands partis historiques. Il n’est ni du PDCI, ni du RHDP, ni du FPI. Et pourtant, il touche une corde sensible : celle d’une population en quête de rupture, de justice, de transparence.
À la sortie de la salle, une jeune militante confie : « Il parle comme nous, il n’a pas peur de dire la vérité. C’est ça qu’on veut. On a grandi avec les promesses, maintenant on veut du concret. »
Loba Perez, envoyé spécial à Yamoussoukro