Le mardi 29 avril 2025, la mémoire collective a repris voix à la Salle de Conférence de l’Université Méthodiste de Côte d’Ivoire à Cocody, où l’Association des russophones en Côte d’Ivoire (ARUCI) et l’Association des anciens combattants ont organisé une grande rencontre commémorative.
L’objectif : honorer les 80 ans de la victoire de l’Union soviétique sur le nazisme lors de la Seconde Guerre mondiale — une page noire de l’Histoire, dont les leçons résonnent toujours.
Un appel à la vérité historique
Face à une assistance composée d’étudiants, d’intellectuels, de militaires et de passionnés d’histoire, l’ambassadeur de Russie en Côte d’Ivoire, Alexey Saltykov, a lancé un vibrant plaidoyer pour la préservation de la mémoire historique.
Il a salué le courage du peuple soviétique face à l’horreur nazie, tout en rendant hommage aux alliés de cette époque, y compris les tirailleurs sénégalais, trop souvent oubliés.
« Ce n’est que par des efforts conjoints que nous pourrons défendre la vérité, lutter contre le néonazisme et éviter la répétition des crimes contre l’humanité », a-t-il déclaré avec gravité.
Il a dénoncé les horreurs perpétrées par le régime nazi : génocide, déportations, camps de la mort, destruction de millions de vies, et a rappelé que 27 millions de citoyens soviétiques ont péri dans ce conflit.
Le verdict du Tribunal de Nuremberg, a-t-il insisté, doit rester une référence pour juger les crimes de cette époque.
Des voix multiples pour éclairer l’Histoire
Cette journée de mémoire a été rythmée par plusieurs communications :
Prof. Alassane Diabaté (Université Félix Houphouët-Boigny) a dressé un portrait chiffré et rigoureux de la guerre ;
Serge N’Guessant, journaliste-écrivain, a mis en lumière le rôle des Africains, souvent marginalisé, dans l’effort de guerre mondial ;
Stéphane Simonnet, historien français, a raconté l’épopée du Normandie-Niemen, symbole fort de la coopération franco-soviétique ;
Enfin, Tatiana Rakitina, présidente de l’ARUCI, a dénoncé les tentatives de falsification de l’histoire et défendu le rôle central de l’URSS dans la défaite du nazisme.
Construire la mémoire pour l’avenir
Tatiana Rakitina a conclu avec une annonce forte : la création d’une archive conjointe sur la participation des Ivoiriens à la Seconde Guerre mondiale, qui sera offerte à la Côte d’Ivoire.
« Nous voulons unir les efforts des historiens civils et militaires pour faire vivre cette mémoire, ici, sur cette terre africaine », a-t-elle affirmé.
Au-delà de la commémoration, cette journée fut un acte de résistance culturelle : résister à l’oubli, à la manipulation de l’histoire, et rappeler que la paix se bâtit aussi sur la vérité des faits.