L’élection présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire se profile à l’horizon, dans un contexte marqué par des évènements qui ont, et continuent d’influencer, le climat national.
Nombreuses sont les mémoires qui ne cessent de s’inviter dans le souvenir des agitations auxquelles les Ivoiriens semblent s’habituer. Lesquelles agitations très souvent, tirent leur source dans des éternels appels à un processus consensuel, la veille des élections. Ce facteur, comme dans le passé, continue de façonner le paysage politique actuel. Suscitant des réflexions autour des évènements qui appellent à une nécessité d’un scrutin inclusif. Tout comme une analyse devant permettre de comprendre l’influence de cette dynamique électorale et les attentes des citoyens.
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Contexte historique autour d’évènements récents
Des tensions ont culminé en 2002 avec le déclenchement d’une guerre ayant causé des milliers de morts et des millions de déplacés.
A cela s’est ajoutée la crise post-électorale, liée aux élections de 2010, qui a fait plus de 3 000 morts. Suivie de l’arrestation de Laurent Gbagbo en avril 2011. Ainsi que l’installation d’Alassane Ouattara au pouvoir. Avec les élections de 2020, des violences et boycotts ont exacerbé les divisions. La candidature de l’actuel Chef de l’Etat ayant fait l’objet de controverse, a divisé l’opinion publique. Certains, voyant en lui, un garant de la continuité. D’autres, un dirigeant prêt à contourner les règles pour rester au pouvoir. « Je ne pouvais pas abandonner mes concitoyens dans une période si cruciale. Mon devoir est de garantir la paix et la stabilité de notre pays. », a justifié, Alassane Ouattara.
L’apport du retour des figures historiques
Dans la perspective de la présidentielle de 2025, le paysage politique en Côte d’Ivoire est en évolution. Surtout avec le signal différemment apprécié de l’ensemble des acteurs, chez certains observateurs.
L’on assiste à un ballet de continuité, de changement, d’attention portée à l’inclusion et à la participation citoyenne. Le décor est marqué par la résilience des figures politiques. Ce, malgré des poursuites judiciaires et des condamnations. En dépit d’un processus de réconciliation nationale établi, des rivalités politiques entre les partisans d’Alassane, Gbagbo et d’autres figures politiques comme Guillaume Soro et Charles Blé Goudé persistent. Certains parmi eux étaient absents au rendez-vous de 2015 et 2020. Leurs réapparitions sur la scène politique suscitent des espoirs de réconciliation, mais aussi des craintes de tensions renouvelées. Tant leurs discours ici comme ailleurs, sont diversement interprétés.
Des ralliements autour des questions qui fâchent
Les élections de 2025 s’annoncent dans un contexte où la légitimité du processus électoral est remise en question.
« En raison de l’urgence et de la gravité du sujet, nous, les représentants de quatorze (14) organisations (9) partis politiques, (1) plateforme de partis politiques, (4) associations de la société civile), nous sommes réunis le vendredi 17 mai 2024, de 16 heures à 20 heures, au siège du MGC, pour analyser la situation et adopter une position commune. Nous affirmons que le moment est venu d’engager un dialogue ouvert et inclusif. Ce dialogue permettra d’organiser des élections transparentes et apaisées. En effet, les exigences du calendrier électoral imposent que des discussions commencent dès maintenant. De sorte que tous les points de désaccord soient résolus en amont et à temps. », ont interpellé le 28 mai 2024 des partis de l’opposition et la Société civile.
L’ambiance d’une réconciliation en dépit des ‘’restrictions’’
La volonté de rassembler les Ivoiriens tente bien que mal de raviver les passions politiques. Ce, en dépit du climat d’intimidations, d’arrestations et de suspicions. Ajouté à celui de méfiances, de dénonciations, etc, décrié ça et là, par des acteurs politiques.
Guillaume Soro qui a dit mettre fin à son exil, a ajouté une couche de complexité à sa vision. exprimant son intention de revenir sur le devant de la scène politique. « Je veux pouvoir contribuer à la réconciliation des fils et des filles de mon pays(…) », a-t-il assuré. Charles Blé Goudé, pointant du doigt sa montre bracelet, estime que l’heure à sonné. « 2025 ne se passera pas sans nous. C’est une question qui est non négociable et je l’assume. », a-t-il lancé le 12 mai dernier, tandis que Laurent Gbagbo tend vigilamment les bras à chacun. «Tous ceux qui veulent un rassemblement politique clair et sain pour battre ce gouvernement en 2025 sont les bienvenus. J’ouvre les bras, je les attends mais attention, il ne faut pas essayer de faire la roublardise avec nous.» a lancé le président du Ppa-ci, lors d’un meeting le 14 juillet 2024 à Bonoua.
Les réformes, 1er préalable en vue des nouvelles consultations
Les critiques sur la transparence et l’équité des élections précédentes ont conduit à des appels en vue des réformes électorales.
Les récentes réformes constitutionnelles et législatives sont perçues chez d’aucun comme un moyen pour le pouvoir en place de consolider son influence. La modification du code électoral et la composition de la Commission électorale indépendante (CEI), sont au cœur des débats. Pascal Affi N’Guessan, a critiqué lesdites réformes le 5 juillet 2024. « Ces changements visent uniquement à favoriser le parti au pouvoir. Nous réclamons une CEI véritablement indépendante pour garantir des élections libres et transparentes ». Le 30 juillet, Coulibaly-Kuibiert a instruit l’opinion que 35 % des citoyens en âge de voter ne sont toujours pas inscrits. Cela représente environ 4,5 millions de personnes sur un total de 12,5 millions. Alassane Ouattara, lors de son récent discours à la nation, a déclaré: « La Côte d’Ivoire doit avancer dans la paix et la stabilité. Nous ferons tout pour garantir des élections transparentes et apaisées. »
Mobilisation d’une jeunesse à bien cerner
La mobilisation de la jeunesse et des mouvements sociaux prend de l’ampleur à l’approche de la présidentielle de 2025.
A travers les réseaux sociaux, la jeunesse se montre de plus en plus engagée et déterminée. Inquiets de leur avenir et en désaccord avec les inégalités sociales, les jeunes interpellent les candidats à la présidentielle, exigent des engagements lorsqu’il s’agit de faire entendre leur voix dans le processus. Notamment sur l’accès à l’éducation, l’emploi, etc. Souvent perçus comme infiltrés, Ils ne sont pas non plus exempts de soupçons pour leurs rôles dans certaines missions en pareilles circonstances. Le dimanche 18 août 2024, le parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (Ppa-Ci), a officiellement pris ses distances avec un mouvement intitulé : « Trois millions de disciples pour Laurent Gbagbo ». Une démarche qui a suscité des interrogations sur la qualité d’une jeunesse dans la préservation de la cohésion autour d’un idéal commun.
Les attentes d’une population qui »tarabuste » tous les 5 ans
Les récents développements ne laissent guère de place à l’optimisme. Le Conseil constitutionnel reste le dernier espoir pour les candidats radiés selon certains, pour qui sa décision pourrait être cruciale.
Les dépôts infructueux des dossiers de candidature de Soro et Gbagbo à l’élection présidentielle d’il y a 4 ans ont crée une onde de choc dans le paysage politique ivoirien. Des rassemblements de soutien aux deux hommes près du siège de la Commission électorale indépendante (CEI), ont démontré la popularité d’un duo de leaders, pourtant absent à l’époque. Ils ont été radiés des listes électorales suite à leurs condamnations à vingt ans de prison chacun. Gbagbo dans l’affaire dite du “braquage de la BCEAO” et Soro, pour “recel de détournement de deniers publics”. Leur procès auquel ils n’ont pas assisté a été qualifié par des observateurs de procès inéquitables et biaisés. « Si Alassane Ouattara est candidat, aucun candidat, aucune Coalition de l’opposition ne peut lui résister », a rassuré le mercredi 17 juillet 2024, le porte-parole du Rassemblement des houphouëtistes(Rhdp), Kobena Kouassi Adjoumani.
Approche inclusive
Façonnant le climat politique, les événements récents ont mis en évidence la nécessité d’une approche inclusive et réformiste, en vue d’un processus électoral légitime et apaisé.
Bien que les cicatrices du passé continuent d’influencer les relations entre les différentes communautés et les acteurs politiques. La quête de la stabilité d’une cohésion sociale réside dans la capacité des acteurs politiques à répondre aux préoccupations des citoyens. Notamment dans le défi de la réconciliation et de la construction d’un avenir démocratique et inclusif, où chaque citoyen se sentira représenté et écouté. Naturellement, avec une opposition vidée d’un dilemme qui consiste, soit à participer aux élections malgré leurs inquiétudes concernant l’équité du processus, ou bien, les boycotter pour ne pas légitimer un processus qu’elle pourra qualifier de biaisé.
Perez Épée