Le général Assimi Goïta a limogé le mercredi 20 novembre 2024 en début de soirée, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et son gouvernement.
La décision du président de la transition malienne, le général Assimi Goïta, de limoger le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga et l’ensemble de son gouvernement a été officialisée par un décret présidentiel. Lequel décret a été lu à la télévision nationale. Il intervient dans un climat politique particulièrement tendu.
Le limogeage du Premier ministre n’est pas totalement surprenant. Le même jour, toujours ce mercredi 20 novembre, le conseil des ministres, habituellement programmé, a été reporté sans explication officielle, alimentant les spéculations sur une crise politique imminente. De plus, depuis plusieurs mois, des divergences étaient apparues entre Choguel Maïga et les militaires, ces derniers étant accusés de vouloir écarter le Premier ministre de ses fonctions.
Un précédent remaniement gouvernemental avait déjà affaibli la position de Choguel Maïga. En effet, en juillet 2023, un vaste remaniement avait conduit au départ de plusieurs de ses alliés proches. Ce remaniement avait été perçu comme un avertissement à l’encontre du Premier ministre.
Le 16 novembre 2024, lors d’un meeting avec les membres du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), Choguel Maïga avait exprimé publiquement son mécontentement. Ce, relativement à sa marginalisation, selon lui, dans les prises de décisions cruciales. Notamment concernant la prolongation de la transition politique. avait-il déclaré. « Ce n’est pas normal dans un gouvernement. Le Premier ministre ne peut pas apprendre dans les médias que les élections sont reportées sans débat au sein du gouvernement ».
Nommé Premier ministre en juin 2021, Choguel Kokalla Maïga a joué un rôle central dans la transition politique du Mali. En 2022, il avait été contraint de s’éloigner temporairement de ses fonctions pour des raisons de santé, période durant laquelle le ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, avait assuré l’intérim avant d’être nommé ministre d’État avec le retour de Choguel Maïga.
Initialement prévue pour se terminer en mars 2024, après une période de 24 mois, la transition avait été prolongée sans consultation préalable du gouvernement, suscitant l’indignation du Premier ministre. Cette prise de position publique a aggravé les tensions déjà existantes entre Choguel Maïga et les autorités militaires au pouvoir depuis mai 2021 après la rectification de la transition installée au lendemain du coup d’Etat d’août 2020.
Les déclarations critiques de Choguel Maïga lors du meeting du 16 novembre ont également provoqué des réactions vives de la part de diverses associations et organisations de la société civile, qui ont réclamé son départ immédiat. Ces pressions ont sans doute contribué à la décision présidentielle de le démettre de ses fonctions.
P.E.