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Le verdict est tombé de Genève, froid et administratif. Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a rejeté, le mardi 7 octobre 2025, les demandes de mesures provisoires introduites par Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, deux figures majeures écartées de la course à la présidentielle ivoirienne. Un refus qui, au-delà du cadre juridique, relance un débat politique brûlant : celui de la participation inclusive et de la légitimité du scrutin à venir.
Les deux requérants espéraient une intervention rapide du Comité onusien, après l’invalidation de leurs candidatures par le Conseil constitutionnel. Mais l’instance a décidé de ne pas accéder à leurs requêtes urgentes, tout en demandant à l’État ivoirien de soumettre ses observations sur le fond d’ici janvier et février 2026. Une manière, pour l’ONU, de rappeler que le contentieux n’est pas clos, mais qu’il n’interférera pas dans le processus électoral en cours.
Pour Tidjane Thiam, symbole d’une génération technocratique en quête de renouveau, comme pour Laurent Gbagbo, figure historique du pluralisme démocratique ivoirien, cette décision représente un coup d’arrêt. Le premier misait sur une légitimité internationale, le second sur une reconnaissance historique et populaire.
Dans le camp du pouvoir, la décision onusienne est perçue comme une validation implicite du cadre institutionnel ivoirien. Mais pour une partie de l’opinion, elle renforce le sentiment d’un jeu verrouillé, où la compétition électorale semble déjà dessinée à l’avance.
Ce refus, s’il n’éteint pas la procédure, met en lumière les tensions entre droit et justice politique. En choisissant de temporiser, le Comité des droits de l’homme renvoie la question ivoirienne à une scène plus large : celle de la crédibilité démocratique en Afrique de l’Ouest, dans un contexte régional marqué par la fragilité des institutions et les poussées populistes.
À trois semaines du scrutin du 25 octobre, la Côte d’Ivoire avance donc vers les urnes avec cinq candidats, mais sans deux de ses visages les plus symboliques. Un scrutin sous haute surveillance, où la question n’est plus seulement qui sera élu, mais comment.
Roland Yoboué
