• lun. Juil 14th, 2025

Dédicace de « Meiway, une carrière, un mystère » : la vérité d’un monument au bout des mots

Juin 14, 2025

Le vendredi 13 juin 2025, dans une salle aux murs crème du Colabs à Cocody, la lumière tombe doucement sur les visages attentifs. Pas de scène musicale, pas de projecteurs. Ce soir, c’est le silence qui parle. Ou plutôt, les mots. Meiway, figure emblématique de la musique ivoirienne, n’est pas venu chanter. Il est venu raconter. Lui, l’artiste, l’icône, l’énigme. Dans les mains, un livre. Son livre. Un récit de vie qui se lit comme une confidence.

Intitulé « Meiway, une carrière, un mystère », l’ouvrage est publié aux éditions Trait d’Union. Il dévoile l’homme derrière la légende. L’événement a attiré une foule discrète mais curieuse : des fans de toujours, des étudiants, des visages connus du monde culturel. Tous venus entendre, non plus les percussions du Zoblazo, mais le battement sincère d’un cœur qui se livre.

« Il y avait des choses que je n’avais pas encore dites.  Ce livre complète le premier. Il dit ce que je n’avais pas osé.», confie Meiway d’une voix posée, presque fragile.

Le livre d’un combat

De son vrai nom Ehui Désiré Patrice, Meiway remonte le fil de son histoire, sans détour. Il évoque l’adolescent en guerre contre les attentes familiales. Le jeune homme qui, à contre-courant, choisit la musique. La rage, la solitude, les premiers micros, les refus, les scènes improvisées, les amis fidèles, les trahisons parfois.

« J’ai basculé dans la musique contre le gré de mes parents », dit-il, fier d’être le seul artiste ivoirien à n’avoir jamais changer de manager: Mr Nyamké Joseph assis à sa droite, et dont l’importance depuis le premier jour a été rappelée. Loin des carrières éclairs nées des réseaux sociaux, Meiway revendique la patience, le respect du public, et le travail de l’ombre.

Une phrase simple. Lourde. Qui raconte toute une époque.

Dans la salle, certains hochent la tête. On devine des parcours similaires. Des rêves refoulés. Des luttes à peine cicatrisées. L’émotion est palpable. On n’écoute plus seulement une star. On reconnaît un frère, un aîné, un guide.

Une autobiographie comme boussole

Le livre, plus qu’un témoignage, se veut un manuel pour la jeunesse, une balise dans un monde culturel souvent perçu comme incertain, voire inaccessible.

« Il faut apprendre le métier de chanteur. Ce n’est pas qu’une question de talent. Il faut des règles, de la rigueur, de la fidélité », insiste Meiway.

Éditer la mémoire africaine

L’artiste(à droite), tenant d’un côté, un gâteau à l’image de« Meiway, une carrière, un mystère », l’ouvrage publié aux éditions Trait d’Union représentée par Dr Emmanuel Mian à droite.

À ses côtés, le co-fondateur et président de Trait d’Union, Dr Emmanuel Mian, prend la parole. Pas pour se mettre en avant, mais pour rappeler leur mission : faire exister les voix africaines, inscrire dans l’écrit ce qui trop souvent disparaît dans l’oubli.

«La maison d’édition s’est spécialisée dans les récits de vie. Pas ceux qui enjolivent. Ceux qui transmettent, enseignent, provoquent la réflexion. Avec ce livre, elle ajoute une pièce essentielle à l’édifice de la mémoire collective. Pas seulement pour les fans de Meiway. Pour tous ceux qui cherchent, dans le tumulte du présent, des récits vrais, des modèles incarnés.», a déclaré Dr Emmanuel Mian.

Deux formats, un seul message

Le livre est proposé en deux versions : une édition cartonnée à 15 000 FCFA, et une édition souple à 8 000 FCFA. Un choix délibéré, pour rendre l’ouvrage accessible à tous, y compris aux jeunes lecteurs. Il est distribué en Côte d’Ivoire, et également disponible en France.

Derrière l’artiste, le passeur

Au fil des échanges, une certitude s’impose : Meiway ne cherche pas à faire l’éloge de lui-même. Il veut éveiller. Il veut léguer. Parce que derrière chaque carrière artistique, il y a des épreuves. Des renoncements. Des choix radicaux. Et parfois, des silences qui méritent enfin d’être brisés.

« Ce que je veux, c’est que ce livre puisse servir. À ceux qui veulent comprendre. À ceux qui veulent rêver. Et surtout, à ceux qui veulent construire. », conclut-il.

La salle applaudit longuement. Meiway sourit, referme son livre, le regarde un instant comme on regarde un enfant qu’on vient de libérer. Dans un soupir, une voix jaillit dans la salle : « Il y a des chansons qui changent une vie. Il y a aussi des livres qui redonnent le droit de rêver ».

Sacré Meiway !

Loba Perez