À la veille du lancement officiel des consultations nationales sur la relecture de la Charte des partis politiques, prévu pour ce mercredi 16 avril 2025, plus d’une centaine de formations politiques maliennes ont fait entendre leur voix pour dénoncer une démarche gouvernementale qu’elles jugent inopportune, incohérente et contraire à l’esprit des résolutions issues des Assises nationales de la Refondation.
Réunis à la Maison de la Presse de Bamako le 15 avril, ces partis ont rejeté en bloc la tenue des concertations, estimant qu’elles remettent en cause un processus pourtant initié par le gouvernement lui-même en décembre 2024. À cette date, le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Réformes politiques avait officiellement invité les partis à formuler leurs propositions concernant la relecture de la loi n°05-047 portant Charte des partis politiques. En réponse, un document consensuel avait été rédigé et diffusé, reprenant fidèlement les orientations issues des ANR : réduction du nombre de partis, fin du nomadisme politique, et reconnaissance du rôle du chef de file de l’opposition.
Pour les partis signataires de la déclaration lue ce mardi, ces propositions représentaient l’aboutissement logique d’une consultation engagée dans les règles. Ils rappellent que les résolutions des ANR ont été endossées par l’État et intégrées au Cadre stratégique de la refondation de l’État. Le choix du gouvernement de relancer un processus de consultation élargie, cette fois aux forces vives de la nation et aux Maliens de l’extérieur, est perçu comme une remise en question implicite de la légitimité des travaux déjà réalisés.
Trois principales interrogations sont formulées par les partis : pourquoi relancer une nouvelle consultation alors que les partis politiques avaient déjà été consultés ? Pourquoi interroger à nouveau les forces vives sur des questions tranchées lors des ANR ? Et enfin, quelle est la légitimité d’un tel processus face à des résolutions antérieures reconnues comme prioritaires dans l’architecture institutionnelle de la Transition ?
Plus encore, les partis redoutent que cette manœuvre ne prépare une marginalisation, voire une suspension de l’activité partisane, à l’image de ce qui s’est récemment produit au Burkina Faso et au Niger, également dirigés par des régimes de transition militaire. Ils rappellent que, contrairement à ces deux pays, le Mali est doté d’une Constitution en vigueur, adoptée en juillet 2023, qui garantit expressément le multipartisme et la liberté d’action des partis dans les limites fixées par la loi.
Les formations politiques ont, dans leur déclaration commune, renouvelé leur attachement au respect des principes constitutionnels, notamment les articles 39 et 185 de la nouvelle Constitution, qui consacrent le rôle des partis politiques et protègent le pluralisme démocratique contre toute tentative de révision. Elles appellent le Premier ministre à ouvrir un dialogue sincère avec les représentants des partis politiques et à suspendre les concertations nationales prévues ce 16 avril, qu’elles qualifient de décalées, coûteuses et injustifiées.
Ces partis réaffirment que leur démarche n’est pas de nature conflictuelle, mais vise à préserver les acquis démocratiques, la stabilité institutionnelle et l’unité nationale. Ils rappellent que le respect de la légalité, des résolutions souveraines des ANR et du principe de concertation est indispensable pour assurer la réussite de la Transition et l’adhésion de tous les acteurs à l’œuvre de refondation nationale.