Les relations déjà tendues entre le Mali et l’Algérie se sont brutalement dégradées après la destruction, dans la nuit du 31 mars au 1er avril 2025, d’un drone malien par la défense aérienne algérienne. L’incident a déclenché une série de mesures de rétorsion diplomatiques, dont la fermeture réciproque des espaces aériens entre les deux pays. Ce, sur fond d’accusations croisées et de soutien affirmé des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) à Bamako. Une crise qui risque de compromettre davantage les efforts de coopération régionale dans un contexte sécuritaire toujours instable au Sahel.
Le lundi 7 avril, l’Algérie a annoncé la fermeture immédiate de son espace aérien à tous les aéronefs civils et militaires maliens. En guise de riposte, Bamako a adopté une mesure identique à l’encontre des vols en provenance ou à destination de l’Algérie. Dans son communiqué, le ministère malien des Transports et des Infrastructures a évoqué une réciprocité face à la « persistance du régime algérien à parrainer le terrorisme international ».
Cette escalade diplomatique intervient dans un contexte de recomposition des alliances régionales, marqué par une défiance croissante des pays de l’AES vis-à-vis du rôle d’Alger dans le dossier sahélien
Selon un communiqué du ministère algérien de la Défense nationale, l’appareil militaire malien a été abattu dans la région frontalière de Tinzaouatène après une incursion jugée « offensive » dans l’espace aérien algérien. Il s’agirait de la troisième intrusion recensée en moins d’un an. Ce, après celles du 27 août et du 29 décembre 2024, d’après les données radar officielles.
Les autorités de transition au Mali ont réagi avec fermeté. Face à ce qu’elles qualifient d’« acte d’agression injustifiée » contre leur souveraineté. Dans un communiqué publié le 6 avril, le gouvernement malien a dénoncé une atteinte grave à la sécurité nationale. Il a ccusé Algérie d’entraver ses opérations de lutte contre les groupes terroristes. Aussi, annonçé sa volonté de saisir les instances régionales et internationales compétentes.
Cette position a été soutenue par les deux autres membres de l’AES. Notamment, le Burkina Faso et le Niger, qui ont conjointement condamné l’attitude d’Alger. Dans une déclaration conjointe, les trois pays ont accusé l’Algérie de participer à une campagne de déstabilisation régionale. Ainsi que de collusion avec des groupes armés actifs dans le Sahel. Ils ont, dans la foulée, rappelé leurs ambassadeurs en poste à Alger.
La réponse algérienne a été tout aussi virulente. Le ministère algérien des Affaires étrangères a qualifié les accusations maliennes de « mensongères ». Il a dénoncé une instrumentalisation politique par un régime de transition « putschiste ». Alger a en retour rappelé ses ambassadeurs à Bamako et à Niamey. Tout en annonçant le report de la prise de fonctions de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso.
. Le Mali, qui s’est officiellement retiré de l’Accord d’Alger en 2024, accuse désormais l’ancienne médiation algérienne de partialité. Bamako a lancé à la place une initiative nationale baptisée Dialogue inter-Maliens. L’initiative vise à réconcilier les différentes composantes de la société autour d’un processus endogène.
Sur le plan pratique, la fermeture des espaces aériens affecte directement les liaisons commerciales. La compagnie Air Algérie avait repris ses vols vers Bamako en décembre 2024 après une suspension de trois mois. En 2023, elle avait transporté plus de 7,2 millions de passagers, avec une hausse notable sur les lignes africaines.
LEJOURPILE