Dans son rôle de plateforme logistique de référence, le port autonome de Douala(Pad), avec son site qui s’étend sur 25,5 Km2, a à ce jour, atteint une occupation industrielle de 100%. Ce, contre seulement 30% en 2018. L’objectif affiché à présent est de doubler le volume de trafic pour atteindre 24 millions de tonnes d’ici 2030. Notamment dans la poursuite de sa transformation avec le lancement de la phase 3 de son programme de sécurisation et d’accueil. Surtout à travers un ambitieux projet mené en partenariat avec l’entreprise PortSec. Afin de se conformer aux standards internationaux et accroître son attractivité dans un contexte de concurrence régionale.
Le 21 mars 2025, le partenaire technique PortSec a annoncé le lancement imminent de la troisième phase du projet Douala Port Security (DPS). Un chantier de sécurisation des infrastructures et des opérations portuaires entamé en 2019 est une partie intégrante de cette ambition. Cette initiative, d’envergure, s’inscrit dans une stratégie globale visant à hisser le port au rang des plateformes logistiques les plus performantes d’Afrique centrale.
Selon le directeur général de PortSec, Tsafir Tzvi, l’introduction de technologies de pointe et le renforcement des protocoles de sécurité contribueront à asseoir durablement la compétitivité du PAD sur l’échiquier maritime africain.
PortSec, spécialisée dans la sécurisation d’infrastructures critiques, a accompagné plusieurs ports africains dans leur mise en conformité avec les normes internationales, notamment le Code SOLAS et les standards ISPS.
Reste que la transformation du port de Douala, amorcée depuis près de dix ans, repose sur un équilibre délicat entre investissements publics, adaptation technologique et gouvernance institutionnelle. La sécurisation ne constitue qu’un maillon, certes essentiel, d’une chaîne logistique que le port ambitionne de rendre plus fluide, plus sûre et plus transparente.
Situé dans l’estuaire du Wouri, sur la côte atlantique, le port de Douala assure 75% du trafic maritime du Cameroun. Il joue un rôle stratégique pour les pays enclavés de la sous-région, comme le Tchad, la Centrafrique et le nord du Congo.
Face à l’accroissement du volume des échanges – le trafic est passé de 10 à 13 millions de tonnes en une décennie, tandis que le nombre de conteneurs manipulés a atteint 380 900 EVP. Et ce, après que les autorités portuaires ont engagé une série de réformes structurelles.
Ces réformes visent notamment la sécurisation des flux, la réduction des pertes, le renforcement des infrastructures. Outre ces enjeux, les priorités sont multiples, et la question de la sûreté en constitue l’un des piliers.
Un arsenal technologique modernisé
La phase 3 du projet DPS, confiée à l’entreprise PortSec, prévoit l’installation de systèmes de surveillance avancés : caméras intelligentes, dispositifs de contrôle d’accès biométriques, drones, ainsi qu’un simulateur de formation navale, présenté comme une première dans la sous-région.
À ces équipements, s’ajoute la création d’unités médicales et de réponses d’urgence dotées d’un personnel spécialisé (cinq médecins, vingt infirmiers), en plus du renforcement des effectifs de sécurité portuaire.
Les effectifs de sécurité seront renforcés par le recrutement de 200 agents supplémentaires, formés aux nouvelles exigences du secteur. Un centre de formation maritime a été ouvert aux personnels externes. Il devrait également être inauguré dans cette région qui ne dispose actuellement d’aucune infrastructure de ce type.
Des travaux d’envergure sont également planifiés. Il y a entre autres la modernisation des bâtiments de la police portuaire, de la douane et de la gendarmerie. Aussi, la construction d’un nouveau portail à Youpwé, la création d’un centre de gestion des opérations à Essengue. Y compris l’extension du réseau d’éclairage solaire et le réaménagement de la capitainerie.
Rationalisation des opérations
Ces évolutions s’inscrivent dans une dynamique soutenue de modernisation. Depuis 2016, près de 60 milliards FCFA (environ 91 millions d’euros) ont été investis dans les équipements. Ainsi que dans les services portuaires : grues, portiques, entrepôts et tracteurs logistiques.
Une réforme de la facturation, amorcée en 2019, a par ailleurs permis d’augmenter significativement les recettes du port. A savoir les redevances ont été multipliées par quatre, et atteignent aujourd’hui 20 milliards de FCFA.
Les pertes sont liées à la casse ou au vol de marchandises. Notamment les cargaisons de bois, dont jusqu’à 20 % étaient détournées, et qui ont été considérablement réduites. De même, les pratiques informelles comme le désossage de véhicules sur site ont quasiment disparu.
Le port a également engagé une reprise en main de plusieurs fonctions auparavant déléguées au privé. Le dragage et le remorquage sont désormais assurés par des filiales internes (PAD Dragage, RTC). De même que la gestion des actifs non maritimes, confiée à la Régie du patrimoine immobilier (RPI).
Cette internalisation progressive s’est accompagnée d’un regain de capacité d’investissement. Ainsi qu’avec des recettes fiscales estimées à 13 à 14 milliards FCFA générés pour l’Etat pour l’année 2024.
Une réponse aux enjeux régionaux
Dans un contexte de forte croissance démographique, Douala abrite désormais plus de six millions d’habitants. La ville fait face à une compétition croissante avec d’autres ports de la région. Notamment Kribi, plus moderne, mais loin derrière en volume traité.
Perez Epée