A Abidjan, le dimanche 8 juin 2025, dans les églises catholiques, protestantes et évangéliques du pays, les chants montent, les mains s’élèvent, les regards s’emplissent d’une ferveur profonde. C’est le jour de la Pentecôte. Un dimanche pas comme les autres pour des millions de chrétiens ivoiriens, qui célèbrent l’un des moments fondateurs de leur foi : l’effusion du Saint-Esprit sur les apôtres, cinquante jours après Pâques.
La scène, racontée dans le livre des Actes des Apôtres, est bien connue des fidèles : « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d’autres langues. » Le miracle d’un souffle venu du ciel, des langues de feu, et la naissance d’un mouvement qui allait changer le monde.
À Cocody, dans une paroisse bondée, les cloches sonnent à la volée. Hommes en costume, femmes voilées ou en pagne aux motifs liturgiques, jeunes confirmands en blanc : tous se retrouvent pour vivre ce temps fort. Des baptêmes sont célébrés, des enfants reçoivent leur première communion, et les chants d’action de grâce résonnent dans les quartiers d’Abidjan comme à Bouaké, Korhogo ou Man.
« Ce jour-là, l’Église est née, non pas comme une institution, mais comme une mission portée par l’Esprit », prêche le révérend Kouadio dans un sermon vibrant. Il rappelle que cette fête, bien que moins médiatisée que Noël ou Pâques, incarne « l’engagement du croyant à être témoin du Christ, porté par la force invisible de Dieu ».
Dans certaines églises évangéliques, les prières en langues et les guérisons spirituelles ponctuent des veillées de feu. À Yopougon, des milliers de fidèles se sont réunis depuis l’aube. Pour eux, la Pentecôte est aussi un appel au réveil spirituel, dans une société en quête de repères.
Cette journée marque également l’accomplissement de la prophétie de Joël, rappelée par de nombreux pasteurs ce matin : « Dans les derniers jours, je répandrai de mon Esprit sur toute chair. » Une promesse de Dieu qui continue d’animer la foi de ceux qui, aujourd’hui encore, croient en une puissance venue d’en haut pour transformer le monde d’en bas.
Perez E.